Réchy, cabane des Becs de Bossons et Brinta

A 6h45 du matin ce 15 juillet, nous sommes sur pied : 9 randonneurs sur le quai de la gare de Neuchâtel. Le 10ème a tout juste le temps de sauter du train de la T'chaux pour celui en partance vers le Valais. Et notre 11ème est rallié à Sion. Equipage complet.

De Sierre, le train postal nous conduit à Vercorin : les virages sont serrés, le Rhône devient un mince filet d'eau tout en bas, le chauffeur expérimenté klaxonne allègrement. Ces premiers 600 m positifs sont faits sans effort. Puis c'est d'un coup de télécabine que l'équipe est propulsée 1000 m plus haut, au Crêt du Midi (2333 m), notre point de départ.

Courte halte sur une terrasse ensoleillée, dernier café : les bâtons de marche se déplient, la crème solaire s'étale sur les visages, les lunettes de soleil et les casquettes s'ajustent avec précision, les sacs à dos n'en finissent pas de se faire inspecter une dernière fois. Le briefing est donné à 11h00 pétantes par Mazal, notre chef de course. Le programme de cette première journée est simple : cap sur la cabane des Becs de Bosson (2983 m) en traversant le Vallon de Réchy. L'équipe s'élance enfin sur un chemin de forêt, ça piaffe de plaisir, les jambes s'échauffent aimablement à destination du Vallon-Moyen. Arrivée sur un premier vaste plateau couvert d'une lande marécageuse, il s'agit d'un bas-marais qui est répertorié d'importance nationale. Ce paysage protégé est un peu irréel, on touche à l'originel. Les méandres du cours d'eau qui traversent ce vallon verdoyant se laissent deviner.

La marche se poursuit en direction du palier supérieur au son des cascades qui percolent dans les rochers. Les yeux s'accrochent tour à tour sur les différents sommets qui font un écrin à ce merveilleux endroit préservé : bien sûr les Becs de Bosson, mais aussi la Maya avec sa forme caractéristique ou encore le Roc d'Orzival. Le dîner se fait un peu plus tard dans l'herbe.

Puis le paysage commence à se faire plus minéral. Le Lac de Louché est devant nous. Surviennent alors de sourds pourparlers dans la troupe : il y a ceux qui iraient bien se plonger dans les eaux de cet endroit empreint de magie et ceux, plus prudent, qui voyant le ciel se charger, prônent de monter au plus vite au col de la Tsevalire. La crainte de la douche pour tous l'emporte finalement sur l'envie (légitime) du bain pour quelques-uns. Les alentours sont désormais tout lunaire et ne présentent plus de végétation. C'est au prix d'un ultime raidillon pierreux que le col est franchi et que la cabane protectrice est en vue. Les derniers ne sont même pas encore arrivés que l'ultime part de tarte du refuge a déjà disparu…

Le souper a été copieux et très apprécié : personne n'a laissé sa part ! Après une toilette des plus approximatives faute d'eau courante, direction le dortoir pour une nuit réparatrice. Dans l'intime promiscuité du dortoir collectif, le ronfleur de la bande qui s'était préalablement fait connaître, est tactiquement mis à l'écart. Coup de théâtre au réveil, le ronfleur n'était finalement pas celui qu'on croyait. Mais justice a été rendue dans la nuit par ses infortunés voisins qui ont copieusement roué de coup de pied l'infâme au souffle lourd.

Une fois le petit-déjeûner avalé et la rituelle photo de groupe faite, le départ est donné par Mazal à 8h00 précises. Direction le col des Becs de Bosson. Le paysage est grandiose, le regard porte loin quand les nappes de brouillard osent se percer. Cette seconde journée se fera exclusivement en crête. Surplomb du vallon de Réchy d'une part et des pentes de Grimentz et Val d'Annivier de l'autre. Chacun s'extasie sur la multitude de fleurs alpines avec leurs couleurs vives qui contrastent avec le terrain aride. Ca monte et ça descend. Ca remonte et ça redescend. Encore. La troupe est vaillante et marche en file indienne derrière le chef-au-pied-sûr. Dîner au panorama du Roc d'Orzival. Les nuages se jouent encore de nous. On file vers la Brinta, toujours un pied adret et l'autre ubac. File de funambules. Les chaînes de la Brinta se laissent franchir. Les plus téméraires grimpent au sommet de cette masse rocheuse. Puis c'est la descente rapide vers notre point de départ, le Crêt du Midi. Chacun est heureux de ce splendide tour et se congratule.

Mais il faut quitter à regret ce cocon de Réchy. Télécabine vers le bas, un demi-litre de bière sifflé dans un café de Vercorin, puis on s'entasse précipitamment dans le petit téléphérique qui dévale vers Sierre. Enchaînement rythmé de bus et de trains qui nous ramènent à Neuchâtel, on essaime quelques valeureux marcheurs au long du trajet. On se quitte sans en avoir vraiment envie. Ce week-end a été merveilleux, les paysages, la compagnie.

Merci Mazal.