Traversée de la Silvretta

Traversée de la Silvretta qui est devenue St. Antönien

 

Récit de la deuxième journée :

Après une nuit calme dans un grand dortoir rien que pour nous et un petit-déjeuner revigorant, nous quittons la pension Alpenrösli sans nous presser - le temps est censé s'améliorer en cours de journée - en direction de notre premier sommet de la journée, le Schollberg (2570 m). 2 h 30 plus tard, nous l'atteignons après avoir gravi les 50 derniers mètres à pied dans des marches parfaitement préparées par Erich. Nous ne nous y attardons pas trop, car deux autres sommets sont au programme. Après une courte descente dans une neige meilleure qu'attendue, nous repeautons pour monter au Riedchopf (2551), qui s'atteint par une dernière pente assez raide, suivie d'une petite arête facile. De là, nous distinguons le passage-clé du lendemain pour l'ascension de la Sulzfluh. Après un pique-nique bien mérité quelques centaines de mètres plus bas, nous repartons requinqués pour une montée tranquille sur le Rotspitz (2563 m), que nous atteignons skis aux pieds malgré le peu de neige. Pour la descente finale, le groupe se scinde en deux : Laurence, Erich et Benjamin optent pour la directe, tandis que les deux « dames », accompagnées de Camille, décident de faire le tour. À 15 h30, nous sommes de retour à la pension, où nous attendent Zimmi, son truculent propriétaire, … et un groupe de quarante Allemands venus pour une « retraite religieuse ».

Pascale

 

Récit de la troisième journée :

Aujourd'hui, nous avons pour programme de traverser la frontière pour atteindre une cabane en Autriche en passant par la Sulzfluh, la reine des lieux, et une descente annoncée coriace côté Nord. Nous démarrons dans des pentes gelées qui réveillent bien, pour atteindre le passage-clé de la montée, qui nécessite d'enfiler les crampons. L'atmosphère est mystérieuse, oscillant entre rayons de soleil et flocons. Après une montée sans difficulté skis sur le sac, nous atteignons le Gemschtobel, une large épaule débonnaire que nous remontons pour bientôt trouver la gigantesque croix sommitale. L'ambiance est magnifique, sauvage et alpine malgré une altitude somme toute modeste. La descente s'avère certes raide, mais tout à fait jouable pour le groupe qui malgré tout prend son temps. Le passage dit « Im Rachen » en est le crux, suivi d'un slalom dans les arbustes où les skis courts ont leur avantage. Nous atteignons la Lindauerhütte très heureux de cette journée. L'ambiance de cette cabane plutôt « industrielle » nous surprend, il y a un monde fou, et tout est hyper organisé. Nous pouvons même déguster des spécialités locales à la carte. Mais attention, certains aspects ont de quoi surprendre : au cours de la soirée, Laurence et Pascale se font dépouiller des pantoufles enfilées à leur arrivée par leurs soi-disant propriétaires. Nous gagnons nos lits après une soirée jeux bien sympa !

Camille

 

Récit de la quatrième journée :

Il a neigé une vingtaine de centimètres. Il neigeote encore. Le jour passe de blanc à ouvert puis à blanc - laissant apparaître par moment les parois verticales de la Drusenfluh et le Drusator, le col par lequel nous espérons rentrer en Suisse. Eric prend les commandes et nous sort avec brio du labyrinthe initial formé de rochers et de pins. Le départ est féérique. La pente se redresse et le jour blanchit. Eric est toujours à la manœuvre. Il laisse aller son inspiration et son expérience pour nous amener en toute sécurité sur un petit plateau. La difficulté est maintenant devant nous. Le jour blanc dissimule cependant la raideur des pentes finales. Après tâtonnements, Eric prend les gros moyens ; il n'abdique pas et propose de monter façon tortue, les skis au sac. Ouf, ça passe ! 

Au col, le vent souffle. Nous choisissons d'aller pique-niquer au local hiver de la Carschinahütte - les 2000 calories ingurgitées la veille sous forme de Knödel aux épinards ou de Wienerschnitzel-frites sont déjà brûlées par les efforts fournis. Car des efforts, il a fallu en délivrer à la descente également pour trouver notre chemin dans le jour toujours blanc - merci à Laurence et à Eric d'avoir joué les cobayes - puis dans cette topographie très particulière du Ganda où cela monte, puis cela redescend, puis il y a un trou, ah non : c'est un mûr de neige … Dingue ! Pour le reste de la descente, nous choisissons raisonnablement de rester sur le chemin nous menant au bus, puis au train, puis au wagon-restaurant, puis à la maison. 

Voilà comment 600m de dénivelé seulement peuvent générer quelques difficultés, pas mal d'émotions et des souvenirs certains.

Benjamin