Weissmies (4023m) Arête sud-est

Nous partîmes 500 mais par un prompt renfort nous nous vîmes… bon non en fait nous étions 8 : Jean-Michel et Christelle, chefs de course ; Christine, Maryline et Thérèse, avec quelques rando alpine à leur actif, puis Janine, Victor et moi (Cécile), pour notre premier « 4000 » ! Excité comme des tiques du bord du Doubs à la vue des mollets découverts des randonneurs, nous nous lançons plein d'entrain, courant après notre tain. 2 trains puis 2 bus d'ailleurs. (Départ Neuchâtel, arrivée Saas-Almagell Post).

La grisaille de ce premier jour, comme une humide épée de Damoclès, nous pousse à marcher d'un pas régulier sans trop de pause et c'est assez surpris que nous apercevons la cabane d'Allmegeller sortir du brouillard. A son entrée, un échafaud éveille l'imagination de Christine et Maryline, qui y voient une guillotine… Ambiance ! 😃

Après un bon vin chaud, thé chaud, nous nous lançons dans la révision des manips de corde. Jean-Michel, motivé nous propose de faire un N de 30m, dans un couloir de 5m, Christelle, avec son sens des proportions, ne semble pas très emballée ^^ Au final, ces révisions nous sont très utiles, bien plus sympa de se poser ces questions au chaud, que dans le froid du lendemain. Repas comme des ptits vieux à l'hôpital, à 17h45 (Victor a l'impression d'être au boulot : une piqûre et au lit !), avec les 2 bouteilles de rouge en sus (pour se réchauffer bien sûr). A la fin du repas, l'appel retentit : « on se fait un pti chibre ? » Pour les deux frouzes que nous sommes, une frousse s'installe… Après explication, il ne s'agit pas d'une partie de jambes en l'air à 3000m mais bien d'un jeu de cartes ! qui nous occupe jusqu'à l'heure du coucher.

Durant la nuit, le vent souffle sur la cabane, faisant vibrer les cloisons (si ,si je vous assure !). Au matin, enfin 4h40, c'est avec la marque des draps encore sur le visage que nous attaquons le petit dej'. « Caleçon long, or not caleçon long ? », cette interrogation est dans toutes les bouches au moment de l'équipement. Départ à la frontale, sous la presque pleine lune, direction le Zwischbergenpass que nous atteignons pile pour voir le lever du soleil, face à nous. Si hier le temps était couvert, cette journée s'annonce très ensoleillé. Pause photo (« Janine, prend des photos, mais bon dépêche car il fait froid ! »), on admire les lumières sur les 4000 autour de nous. Nous laissons le mont Stroumpf (dixit Michel, mais on a des doutes) derrière nous et attaquons l'arête. D'abord libres, puis encordés quand celle-ci se verticalise, pour le plus grand bonheur d'une partie de la troupe. L'ascension est agréable mais pour ma part, je commence à sentir l'oxygène se faire plus rare. Quelques pauses revigorantes à l'abri du vent et nous arrivons presque au sommet. Nous chaussons les crampons, sortons les piolets et c'est parti pour l'arête de neige, quelque peu vertigineuse : une belle pente neigeuse d'un côté, falaise abrupte de l'autre. Au sommet, la pause photo est courte car le vent souffle fort !

La descente dans la neige chauffe les cuissots mais la superbe vue sur le glacier nous fait oublier les courbatures certaines du lendemain. Réorganisation des cordées (« y a des nœuds là non ? »), un coup d'œil sur la belle trace du chemin parcouru et on continue la descente, sur glacier cette fois. Quelques belles crevasses et passages escarpés ralentissent parfois notre progression mais ces canyons glacés sont un régal pour les yeux. Pas de pause permise tant que nous ne sommes pas sortis des séracs, menaçant chaque instant notre intégrité physique. Nous suons sous nos couches et accueillons la pause avec un grand soulagement. C'est presque en t-shirt, des morceaux de sandwichs encore dans les dents, que nous finissons cette course. Boissons bien méritées à la cabane du Weissmies, où tous enlevons le fameux caleçon, devant les regards amusés des touristes.

Un Rivella expéditif plus tard, nous sautons, tel un James Bond ankylosé, dans la dernière télécabine de la journée. Et c'est reparti pour le défilé bus-train jusqu'à Neuchâtel, non sans avoir dû fournir un dernier effort de course durant la correspondance Bern-Neuchatel : 3 minutes pour passer de la voie 2 à la voie 12 « poussez-vous ou je sors mon piolet ! »

Des aurevoirs chaleureux et nous voilà à la maison, l'esprit plein de belles images (et des envies de fondue !), rêvant déjà à la prochaine sortie.

Encore merci à tout le monde, tout spécialement à Jean-Michel et Christelle pour leur patience et leur bons conseil.

 

Cécile et Victor