Notre projet initial était de partir dans la région du Gauli, dans les Alpes bernoises, mais la météo capricieuse nous a contraints à changer de destination. Après quelques discussions et l’analyse des conditions, nous avons décidé de nous orienter vers le Col du Simplon, un ancien chemin muletier aménagé au milieu du XVIIe siècle par Gaspard Stockalper, détenteur du monopole du sel, et devenu par la suite un passage historique ouvert par Napoléon Bonaparte au début du XIXe siècle dans le but de faciliter le transport militaire entre la France et l’Italie.
Le vendredi, nous avons mis le cap sur le Bortelhorn, également appelé Punta del Rebbio (3 193 m). En chemin, nous avons fait une halte à la Bortelhütte, où nous avons laissé notre matériel d’arête, étant donné l’heure avancée de la journée. Nous avons poursuivi notre ascension jusqu’au col sous un ciel d’une clarté parfaite, offrant un panorama exceptionnel sur les sommets environnants.
Bortelhütte: Cabane d'hiver, toujours ouverte (non gardée). Elle n'a que 4 places donc il vaut mieux se renseigner avant.
La descente a été un pur plaisir, avec une neige de printemps idéale, souple et agréable à skier. Après cette belle journée, nous avons rejoint l’hôtel Simplon-Blick, où nous avons été chaleureusement accueillis. La nourriture y était excellente, de quoi nous requinquer pour la suite de notre aventure.
Le samedi matin, la météo s’annonçait plus incertaine, avec un ciel couvert et quelques centimètres de neige fraîche tombés durant la nuit. Nous avions initialement prévu d’aller au Galehorn, et en montant, nous avons constaté que nous n’étions pas les seuls à avoir eu cette idée : une foule de randonneurs avait choisi le même itinéraire, sans doute en raison des conditions.
Avec une visibilité réduite, nous avons finalement décidé de changer de cap et de nous diriger vers le col du Böshorn. Après une descente agréable, nous avons remarqué que nous avions encore un peu d’énergie et avons entrepris l’ascension du Magehorn. De là, nous avons profité d’une superbe descente sur un itinéraire de raquettes, serpentant à travers la forêt jusqu’à Gampisch, près du Alte Spittel.
Ce bâtiment, construit en granit, servait de refuge pour les hôtes et les voyageurs de commerce. A l'époque, un sentier muletier passait par le col du Simplon, dont certains tronçons sont encore praticables aujourd'hui. Ce sentier est aujourd'hui connu sous le nom de Stockalperweg. Il devait servir d'abri aux hommes, aux marchandises et aux animaux de mule. Les tissus et les épices étaient transportés dans un sens, la laine et la viande séchée, entre autres, dans l'autre.
La remontée vers l’hôtel, avec l’idée d’une bonne bière en récompense, nous a permis de clôturer cette journée sur une note gourmande et conviviale.
Le dimanche matin, nous nous sommes réveillés dans un épais brouillard, ce qui a semé le doute quant à notre objectif du jour : le Monte Leone. Notre confiance était moyenne, mais nous avons décidé de tenter notre chance en direction du col du Breithorn, notre point de décision pour poursuivre ou faire demi-tour.
En approchant du col, le vent semblait fort, mais comme prévu dans la prévision, une fois au sommet, nous avons été accueillis par un ciel d’un bleu éclatant et une totale accalmie. Cette découverte nous a poussés à poursuivre notre ascension vers le Monte Leone. La vue au sommet était incroyable, et nous avons eu la chance de trouver des conditions parfaites sur l’arête en neige, sans le moindre souffle de vent.
Après cette réussite, nous sommes redescendus vers le col, espérant déguster des frites bien méritées à l’hôtel. Malheureusement, la cuisine était fermée… mais nous nous sommes consolés avec un délicieux gâteau.
Ces trois jours ont été une magnifique aventure, ponctuée de moments de partage et de belles descentes. La montée au Monte Leone restera un souvenir impérissable, concluant en beauté cette escapade alpine.
-- Carlos