Traversée de la Silvretta

26.2.2021 - 2.3.2021

Traversée de 5 jours dans les Grisons de Bergun à Susch en dormant dans les cabanes de Kesch et Grialetsch, en remplacement du projet dans le massif de la Silvretta, impossible à cause de la Covid.

C'est une très belle traversée à travers un océan de montagnes à l'infini. Le fait qu'il n'y ait pas de hauts massifs qui obstruent la vue procure une impression d'immensité, renforcée par la présence de larges pentes et le peu de skieurs, surtout à partir de la cabane Grialetsch.

De plus, le soleil nous a accompagné presque tout le temps.

 

Jour 1

Le voyage de quatre heures en train  de Neuchâtel à Bergun, via Davos, permet d'entrer en douceur dans la diversité des paysages grisons.Bon ne surprise : il y a encore beaucoup de neige. Nous montons d'abord au Piz Darluz (2641m) avec trois télésièges et téléskis archaïques, c'est-à-dire très lents.

Au début de la longue descente en traversée à l'Alp Dig Chants (1996m), nous improvisons une descente en pente nord plus raide jusqu'à la rivière Ava de Tuors, 700m plus bas. Hélas la poudreuse anticipée est plutôt farineuse et dure. De plus, la montée à la cabane Kesch est rallongée de 200m. Le poids des sacs chargés du matériel pour glaciers durcit les muscles des épaules !

Après 800m de montée nous découvrons la cabane Kesch sur un promontoire; elle est spacieuse, lumineuse, accueillante et on y mange bien ! Bon augure et bonne ambiance.

En résumé, 11km, 900m de descente et 900m de montée.

 

Jour 2

Après une nuit de pleine lune qui inondait les dortoirs confortables, un stratus importun nous prive du lever de soleil. Heureusement les quatre matins suivants seront splendidement rougeoyants. Le temps de monter en pente douce jusque vers 3200m, au pied du Piz Ketsch, le soleil nous réchauffe enfin.

Devant nous, 200m de montée impressionnante en crampons-piolet, entrecoupée de barres rocheuses menaçantes. Nous déplorons quelques bouchons à la montée et à la descente; le Piz Kesch est vraiment le sommet vedette de la région. Par la suite, nous ne rencontrerons plus personne sur les sommets !

La neige dure permet de bien cramponner dans cette pente à 40-45°, ce qui n'empêchera pas de stresser et fatiguer quelques uns d'entre nous. Une corde est utile, on trouve même quelques plaquettes pour diminuer l'engagement. Superbe point de vue dominant au sommet du Piz Kesch à (3418m).

Après la tension, la récompense : belle descente en face NW en neige changeante jusqu'à 2700m. Et ce n'est pas fini. Nous remontons 300m en pente est jusqu'au Kesch Pitschen (2990m). D'ailleurs, chaque jour, Eric et Camille, nous ont préparé malicieusement l'ascension de deux sommets, au moins!

Finalement, nous renonçons à la belle et raide descente de 400m, prévue en face nord, à cause du brouillard qui monte et de la neige gelée peu engageante. Sage et agréable retour à la cabane par l'itinéraire de montée.

La raideur du Piz Kesch nous a préparé à affronter les prochains sommets parfois tout aussi raides, mais moins longs. Une fin d'après-midi au soleil sur la terrasse avec bière et bonne compagnie parfait cette deuxième journée.

 En bref, 10km pour 1250m de montée et de descente.

 

Jour 3

La traversée de la cabane Kesch à la cabane Grialetsch est complétée par l'ascension de deux sommets. Tout commence par une longue descente de 500m en pente douce dans un froid sibérien jusqu'à Alp Funtauna (2191m). Par chance, le soleil nous accueille juste à point pour remettre les peaux sans frissonner. Une agréable montée en pente douce de 850m conduit aux derniers 50m raides qui nécessitent de porter les skis jusqu'au sommet du Scalettahorn (3067m). Corde utile ! Beau temps, douceur printanière, bonne ambiance, vue grandiose : que du bonheur !

Nous redescendons du côté sud du sommet jusqu'à un col sous le sommet du Piz Grialetsch. Hélas, une corniche menaçante surplombe les 200m de pente raide à faire avec crampons et piolets. Cela sera la seule entorse au programme des deux sommets par jour. Nous nous consolons avec une descente de 500m en neige souvent poudreuse jusqu'à la cabane Grialetsch (2540m).

Charmante cabane à l'ancienne avec pierre taillée et bois. Elle subira d'ailleurs une rénovation à partir de mi-avril de cette année. La terrasse est toujours aussi bienfaisante ! Pas de luxe, mais calme et volupté ! Petit inconvénient : la Covid interdit le prêt de jeux de cartes et de crayons !!  Alors, on cause !

Au total, 12,5km pour 900m de montée et 1100m de descente.

 

Jour 4

Nous nous levons à 6h45 pour être prêt au départ à 7h45. Le programme de la journée est alléchant : deux sommets : Piz Sarsura Pitschen et Piz Sarsura. Les sacs sont légers comme nous retournons à la cabane le soir, pas besoin de pyjama, brosse à dents etc., Nous commençons par une petite descente d'environ 150 m. Ensuite, nous mettons les peaux pour monter dans une combe à l'ombre, le froid est mordant, mais heureusement, le soleil nous rejoint avant l'arrivée et col et nous réchauffe un peu. A Fuorcla Sarsura, les choses sérieuses commencent. Les couteaux sont nécessaires pour entamer la traversée nord-est et ensuite entamer la montée assez raide,  35%. Il s'agit de maîtriser ses conversions, assez techniques…pas tout le monde arrive au sommet préférant faire une pause et se ménager pour la suite….d'autres enlèvent les skis pour finir à pied. Notre effort est récompensé par une très belle descente sur le glacier Sarsura (Vadret da Sarsura ). Nous pique-niquons sur la plus belle place de pique nique hivernale qu'on puisse s'imaginer : une étendu blanche énorme, baignée par le soleil : Le pur bonheur ! Mais la journée n'est pas finie : nous remettons les peaux pour remonter au petit col près du Piz Sarsura. La neige est dure et la pente raide à la fin, mais nous finissons sans mettre les couteaux. Depuis le col nous attaquons le sommet en crampons-piolet. La trace est super et cela croche bien. La vue valait le déplacement et après quelques photos, nous redescendons au col, chaussons les skis pour une jolie descente. Nous voyons même des traces de loup !! Nous remettons les peaux pour une petite montée finale pour arriver à la Cabane Grialetsch. Quel bonheur de pouvoir laisser tout sécher au soleil et boire une petite bière bien méritée sur la terrasse. L'après-midi se prolonge avec un Schibre acharnée pour les un et un jeu de chiffre qui semble hautement intellectuel pour les autres….

Ce soir, dernier soir de notre séjour, nous faisons des folies et veillons jusqu'à 21h15 !!

Jour 5

Départ avec tout le paquetage à 7h45. Au programme de nouveau deux sommets : le Radüner Rothorn et le Schwarzhorn. Malgré la toute petite descente en direction du Furggasee (2509m) nous mettons les peaux dès le départ. Après avoir passé le lac (bien caché sous la neige) nous attaquons la montée après avoir mis les couteaux. Nous arrivons au col de Rothorn Furgga. Après un petit passage un peu plus plat, nous nous engageons dans la montée finale pour arriver au sommet du Radüner Rothorn à 3021m. Certains enlèvent les skis pour finir la montée à pied. Nous entamons la descente sur la face nord à pied, puisqu'il y trop de rochers. Ensuite nous chaussons les skis pour une belle descente.

Nous remettons une dernière fois les peaux pour l'ascension du dernier sommet. Comme il s'agit d'un aller-retour, certains participants décident d'attendre le groupe en bas et d'autres ne font pas toute la montée qui est assez raide et longue. À la fin, il a fallu enlever les skis et finir à pied. La vue du Schwarzhorn (3145m) est somptueuse. La descente du sommet et dure, la neige est gelée et forme des morceaux glacés. Après une courte pause en bas, nous entamons la longue descente jusque dans la vallée. Nous avons pu faire quelque joli champs de poudreuse, on peut dire que ce dernier jour, nous avons pu faire les plus belles descentes…Bientôt nous arrivons sur la route de la Flüela que nous longeons jusqu'à Susch (1425m). Nous devons franchir pas mal d'avalanches et leurs blocs de glace, ce qui met nos jambes fatiguées à rude épreuve. À l'ombre, la neige sur la route est gelée et des rails se sont formés. Nous ne sommes pas mécontents d'arriver au village de Susch, où nous prenons le train et après 4 heures de route nous arrivons fatigués mais heureux à Neuchâtel.

Un immense merci à Camille et Eric, nos super chefs qui ont mené cette traversé avec compétence, patience, humour et joie !!

 

Jean-Michel Oberson et Veronika Pantillon

PS: La majorité des photos sont prises par Thierry Krummenacher, merci le photographe.