Aiguille Sans Nom: Arête Sud

C'est à six que nous prenons la direction du Val Ferret samedi peu après 10 heures, pour la cabane de Saleinaz, notre cabane à nous. Je suis entre de bonnes mains avec les pros de la montagne que sont Lucie, Tommy, Hélène, Jonas et Rolf. J'apprends dans la voiture que c'est définitif, à cause de l'orage prévue en fin d'après-midi dimanche, on ne fera pas comme prévu l'ascension de l'Aiguille Sans Nom (qui a pourtant un nom) de l'arête des Dorées, mais l'une des grandes voies du Clocher des Planereuses. On s'arrête en route à Sembrancher pour acheter un gros pack de PQ, si si du PQ, et du vin pour les gardiens. Mais pas le temps pour un café… dure la vie.

On laisse les voitures à la Prise d'eau de Saleinaz. Rolf et moi on se fait vite distancer à la montée par les autres qui ont une forme d'enfer. L'humidité créé par l'épais brouillard nous fait transpirer à grosses gouttes et masque par là même complètement la vue. Le ciel fini par se dégager à l'approche de la cabane, quand on croise 2 alpinistes allemands apparemment encore abasourdis par l'équipement de la voie qu'ils viennent de faire. A notre arrivée pas grand monde à la cabane mis à part les gardiens qui discutent tranquillement au soleil. Un groupe de jeunes se préparant pour l'examen de guide arrivera plus tard.

Après une courte pause on décide d'aller grimper au jardin d'escalade sous la cabane. Je fais cordée avec Tommy, Hélène avec Jonas et Lucie avec Rolf. Le coup d'œil sur le glacier de Saleinaz est splendide depuis les voies de 2 longueurs cotées « à la neuchâteloise ». Après le souper on feuillette les topos pour la course du lendemain. Hélène et Jonas chauffés à bloc, choisissent sans hésiter la voie Crettenand au Petit Clocher des Planereuses, 6c - 10 longueurs - 500m ! Lucie et Rolf plus raisonnables vont dans la voie du Soleil, 5c - 8 longueurs - 150m. Tommy étant d'accord de faire les longueurs difficiles en tête je me laisse finalement convaincre par la voie Crettenand.

Les réveils sonnent à 6h15, vive l'escalade ! Malheureusement Lucie n'est pas dans son assiette ce matin. Les crampes d'estomac et vomissements vont la contraindre à redescendre en plaine, Rolf le brave se dévoue pour l'accompagner. Nous on s'en tient au plan de la veille et arrivons au pied de la voie autour des 8h. Le « bon » équipement de la L1 est trompeur, la suite devient plus espacée. La voie est peu parcourue, les lichens séchés crousent sous nos chaussons et des morceaux de roche se détachent. Je laisse pas mal d'énergie dans la L7, une dülfer ultra physique en 6b malgré que Tommy et Jonas me tractent en haut. La pluie approchante et pour ne pas complètement me cramer je renonce à faire la 6c, Hélène et Jonas suivent par solidarité. On prend donc l'échappatoire et entame une série de rappels, dont un en fil d'araignée/tyrolienne très amusant.

Tout se passe sans accros grâce à l'expérience des chefs de cordée qui maintiennent un bon rythme, ce qui nous permet d'être de retour à la voiture vers 16h30, avant la pluie. Dernier arrêt bien mérité à la Fromathèque de Martigny pour déguster les spécialités locales, afin de laisser passer le gros de l'orage et les bouchons. Un immense merci à tous pour ce beau weekend, votre énergie et votre bonne humeur.

- Abson pour le récit -