Fax du mardi 22 août 2000, envoyé du camp de base Istor-O-Nal NE

22 août 2000

La tentative sommitale d'hier a laissé quelques séquelles à nos quatre héros. Le plus grave, c'est Antoine qui a des signes de gelure marquée à deux orteils et doit absolument redescendre au camp de base. Le moins grave est qu'ils n'ont plus de nourriture dans les camps 3 et 4 et qu'ils doivent redescendre au camp 2 (5900 m) afin de pouvoir enfin manger quelque chose, suite à leurs gros efforts fournis ces derniers jours. Le matin au camp 3, ils nous ont communiqué qu'il faisait moins 23°C dans la tente! Yann et Jean-Mi n'ont plus l'énergie pour relance "la machine" et Christian ne veut pas faire de tentative en solo. Donc la décision est prise ce matin de renoncer au sommet! Remonter maintenant, épuisés et affamés qu'ils sont, serait prendre de gros risques et le temps qu'il faudrait pour qu'ils se retapent correctement serait trop long par rapport à notre "timing". Les jeux sont donc faits!

Voilà, il reste encore à démonter ce qu'il reste des camps d'altitude et descendre prudemment les 1200 m de cordes fixes qui séparent le C2 du C1. Lorsque je suis descendu dimanche (20 août) sur ces mêmes cordes avec Jean-Claude qui était malade, les 3/4 des cordes étaient soit coupées, soit abîmées, soit encore prises dans la glace. Nous avons dû emporter 120 m de cordes neuves pour remplacer les nombreux tronçons coupés et à chaque fois que nous pouvions, nous récupérions les cordes abîmées pour les remettre plus bas, après -bien sûr- avoir fait des noeuds aux endroits touchés. Je ne pourrais même pas compter le nombre de nœuds qu'il y a actuellement sur ces 50 à 60 longueurs de cordes fixes. Il faut dire que la montagne s'est beaucoup réchauffée au-dessus de 6'000 m et qu'en plus des chutes de séracs quasi-constantes, d'énormes blocs se sont détachés depuis très haut et sont tombés de tout côté, y compris sur notre voie. Nos quatre amis doivent donc être hyper attentifs dans cette descente.

Simon